Une trop bruyante solitude
de Bohumil Hrabal
Points - 125 pages Une trop bruyante solitude
Il y a 2 histoires pour ce livre : l’histoire racontée par le livre et l’histoire du livre.
Une trop bruyante solitude est un roman sur l’amour des livres, sur la censure et le totalitarisme et sur le désarroi d’un homme. Hanta est presseur de livres depuis 35 ans. Seul et malheureux il a sombré dans l’alcoolisme. Sa vie n’est qu’une suite de ratages en tous genres. Illettré son métier de croque mort des livres lui a permis de découvrir la littérature et le pouvoir des mots. Et il en est devenu un résistant. En 35 ans il en a sauvé des livres du pilon, des livres politiquement incorrects que la censure a envoyé dans sa cave à un rythme effréné. Détruire, éradiquer la culture, tuer les mots et maintenir le peuple dans l’ignorance et l’oppression, voici ce que dénonce Bohumil Hrabal dans son livre. Et la gigantesque presse décrite au chapitre 6, outil mécanique au service d’une idéologie politique destructrice, m’a donné des sueurs froides.
Le sujet du livre est horrible. Le personnage principal est détestable au début, puis on le prend en pitié et au final on finit par l’aimer. Le ton est grinçant, le lecteur oscille entre rire jaune et profond dégoût. Parfois le livre est drôle parfois il file la nausée. C’est un livre remarquable par la diversité des émotions qu’il procure et par la réflexion qu’il provoque.
L’histoire du livre est elle même aussi remarquable. Une trop bruyante solitude est un récit d'inspiration autobiographique. Bohumil Hrabal a travaillé pendant cinq ans comme presseur de papier dans un entrepôt de vieux papiers, rue Spalena, où est située l'action du roman. Hanta, était son collègue de travail. Une trop bruyante solitude a été publié clandestinement en Tchécoslovaquie. Bohumil Hrabal a été longtemps censuré sous prétexte de grossièreté et de pornographie et deux de ses livres furent envoyés au pilon. Son œuvre a toujours été surveillée par les autorités communistes. Une trop bruyante solitude a été adapté au cinéma et en BD.
De moi même je n'aurai jamais ouvert ce petit bijou. Merci à la lectrice qui me l'a fait découvrir.