Corpus Christine
de Max Monnehay
Albin Michel - 226 pages
La troisième phrase de la première page débute comme ça : « Après élaboration d'une stratégie et mise en place des dispositifs adéquats, j’observais une phase de concentration [...] ». Un instant j'ai cru être tombée dans une faille spatio-temporelle qui m'aurait ramené au boulot ! De peur j'ai failli refermer le livre… mais je me suis retenue et me suis plongée dans les 226 pages de souffrance et de sadisme d’un couple qui s’aime et se hait.
Trois heures et quelques nausées plus tard j’émergeais, un peu hébétée de ma lecture. Le narrateur est un homme incapable de se tenir debout se fait séquestrer par sa femme. Lentement elle le laisse mourir de faim et le torture moralement. Il se confie à nous par écrit (dans ce qui ressemble vaguement et de loin à un journal intime). On a donc droit à un monologue glauque, avec des retours fréquents dans le passé et la sordide description de la détérioration de son état physique. Les personnages principaux (tous les 2 sont à la fois bourreaux et victimes) sont tordus mais le livre, lui, tient la route. Le style est incisif, porté par de courts chapitres et teinté d’un humour grinçant. Une chose m’a agacée : les fréquentes interpellations du lecteur par le narrateur et les digressions inutiles que ça entraîne.
On compare Max Monnehay à Amélie Nothomb. L’analogie est-elle fondée ? Je n’en sais rien : je n’ai lu que Stupeur et tremblements (et je n’ai pas vraiment aimé). Ce que je sais en revanche c’est que de Max Monnehay je ne lirai que Corpus Christine. J’ai ressenti la même chose que pour Mordre au travers de Virginie Despentes.
Corpus Christine a reçu le Prix du Premier Roman en 2006.