Bienvenue au club
de Jonathan Coe
Folio - 540 pages
Bienvenue à Birmingham, années 70, no man’s land culturel, bled paumé d’Angleterre où il n’y a rien d’intéressant à faire. Nous suivons les aventures (c’est un bien grand mot) de Benjamin Trotter et de ses amis, adolescents scolarisés à King William, une école privée. Ben est un artiste dans tous les sens du terme. Il se sent à côté de la plaque en permanence, en décalage avec les autres et ne comprend pas le monde qui l’entoure. Il est réservé, timide, rêveur. Mais c’est aussi un génie : il compose des symphonies "rocks" et écrit avec talent même si à cet âge là il en est encore à chercher sa voix propre. Au travers de son histoire c’est l’histoire de l’Angleterre que nous raconte Jonathan Coe. A cette époque les syndicats sont encore tout puissants, l’IRA n’a pas encore posé ses bombes, Abba et Eric Clapton règnent en maître chez les disquaires.
La décennie verra le glam-rock puis le punk arriver, la montée du Front national britannique, les répressions sanglantes des manifestations de grévistes, les premiers attentats de l’IRA, l’arrivée au pouvoir de Margaret Tatcher, la montée du chômage. Ben pendant ce temps comme tout adolescent va rencontrer l’amour, se forger des souvenirs pour la vie, bref grandir un peu.
Bienvenue au club est une chronique douce-amère, une tranche de vie savoureuse où le rire le partage aux larmes (certaines scènes dramatiques sont vraiment poignantes). Jonathan Coe manie la plume avec un sens de l’humour typically british (avec un sens de l’absurde hérité des Monty Python). C’est jouissif sur 540 pages. Le climat social et politique, les us et coutumes des anglais « bon teint » sont épinglés avec verve et ironie. L’apprentissage de la vie par cette bande de jeunes adolescents est dépeint avec beaucoup de lucidité et un sens du comique qui « sent le vécu ». Seul bémol, je me suis parfois sentie plus spectatrice de l’histoire qu’impliquée. La faute à quoi ? probablement aux nombreuses références musicales, limpides pour l’auteur et probablement pour les lecteurs anglais de plus de 35 ans, mais qui sont restées obscures pour moi
Ce livre est sur ma liste pour le Challenge ABC 2007
L'avis de Papillon ICI