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Les Carnets de lecture de Lhisbei

Les Carnets de lecture de Lhisbei
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4 janvier 2008

Pour ceux qui passent encore ici...

 

... retrouvez moi (ou pas) sur le

RSF Blog

 

Blog dédié aux littératures de l'Imaginaire

 

Ce blog, Carnets de lecture, est inactif et reste en ligne à des fins d'archive personnelle accessibles à tous. 

Les commentaires ne seront pas publiés et ne recevront pas de réponse.

 

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16 septembre 2007

Le marronnier de septembre - 2eme partie

La rentrée littéraire s'annonce chargée avec 727 romans dont 493 romans français. Les éditeurs avaient promis de se mettre au régime mais les bonnes résolutions ne sont pas faites pour être tenues n'est-ce pas ? Grasset, Le Seuil, Actes Sud, Denoël, ont pourtant diminué le nombre de titres qu’ils publieront cet automne. Cette rentrée compte donc 43 romans de plus que l'an dernier (qui je le rappelle en comptait 20 de plus que l'année d'avant and so on). Pour l'anecdote en 1997 la rentrée comptait 409 romans (318 de moins que cette année).

102 premiers romans sont publiés cette année (soit 5 de plus que l'année dernière). Inflation ? Oui mais il y a une subtilité : le premier roman d’Emmanuel Carrère, L'amie du jaguar, est publié sous cette étiquette ... La rentrée s'alourdit aussi de 600 essais. Cela sent le pilon... après l'indigestion.

L'année dernière je m'intéressais au doyen de la rentrée, Maurice Baron, qui publiait, à 69 ans, L'illettré son premier roman. Cette année le doyen va probablement entrer dans le livre des records puisqu'il a 93 ans. C'est pourtant le plus jeune auteur qui fait parler de lui. Boris Bergmann-Grünebaum, auteur de Viens là que je te tue ma belle est né en 1992 (pour les nuls en calcul mental cela lui fait 15 ans). Le titre est prometteur. Du côté des petits jeunes on retrouva Ariane Fornia (fille de Monsieur Besson - non pas Luc mais Eric l'ancien député PS qui a viré Sarko en pleine présidentielle) qui publie son deuxième roman Dernière Morsure. A découvrir aussi (paraît-il) dans la famille Beigbeder, la cousine Géraldine qui publie son premier roman Nema Problema ou petites chroniques transbalkaniques au pays des sponsors. Avec un titre pareil ... tonton Beigbeder pendant ce temps là fait toujours parler de lui même s'il se fait ravir la vedette par NS et Yasmina Reza. L'évènement de la rentrée, le livre que personne n'avait pu lu lire une ligne avant sa sortie mais dont tout le monde parlait, c'était L’Aube le soir ou la nuit : résultat grâce à ce buzz médiatique écrasant il a pulvérisé les records de vente lors de sa sortie. Il a quand même été tiré à 100 000 exemplaires ! Le grand suspens maintenant réside dans cette question : fera-t-il mieux qu'Harry Potter ? En tout cas il ira plus vite à lire avec ses 180 pages ...

La rentrée littéraire de cette année souffre d'un syndrôme peu connu : l'effet Littell. Des pavés, des pavés de plus de 600 pages, de quoi alourdir les cartables. Les écrivains et les éditeurs sont parait-il décomplexés. Et l'idée reçue que pour faire un best-seller on doit rester sous les 250 pages pour éviter de lasser le lecteur (qui a bien entendu le cerveau d'une courge) vole enfin en éclat. Merci M Littel (promis je lirais vos bienveillantes un de ces jours pour vous remercier). On annonce aussi la mort de l'autofiction (enfin !) puisque les français (c'est une maladie typiquement hexagonale) se remettent au roman social (chômage, banlieues...). Attention le roman social français n'est pas concerné par l'effet Littel : les romans sociaux français sont courts. A l'abri de rien d'Olivier Adam 218 pages, La Trempe de Magyd Cherfi 180 pages, Sirop de la rue de Bernie Bonvoisin 240 pages, Portrait de l’écrivain en animal domestique de Lydie Salvayre 240 pages, Suzanne ou le récit de la honte de Christina Mirjol 123 pages... On est loin de Zola n'est-ce pas ?

 

Une rentrée littéraire sans polémique n'est pas une vraie rentrée (et puis la polémique fait vendre n'oublions pas). Cette année nous sommes gâtés puisque nous bénéficions d'une opération 2 pour le prix d'une. La première concerne Mazarine Pingeot qui est accusée de "profiter" de la médiatisation de l'affaire des bébés congelés de la famille Courjault parce que Son cimetière des poupées livre l'histoire tragique d'une mère infanticide. La deuxième polémique concerne Tom est mort de Marie Darrieussecq. Camille Laurens accuse Marie Darrieussecq de "plagiat psychique". Marie Darrieussecq raconte dans Tom est mort le deuil et la solitude d'une femme qui a perdu son fils et Camille Laurens a relevé dans le texte des similitudes avec son propre récit autobiographique sur la mort de son fils nouveau-né, Philippe. L'ironie du sort ? Les deux romans sont parus chez P.O.L.... A noter que c'est la deuxième fois que Marie Darrieussecq est accusée de pomper sur ses collègues (Marie NDiaye l'avait accusé à la sortie de Naissance des fantômes en 1998 de "singer" ses romans).

Parmi cette multitude quels sont les romans français de la rentrée qui se vendent ? Pas de surprise pour l'instant. L'aube le soir ou la nuit de Yasmina Reza caracole en tête des ventes suivi Ni d'Eve ni d'Adam d'Amélie Nothomb (quelle surprise !).  Les ventes du Rapport de Brodec de Philippe Claudel et  du Cimetière des poupées de Mazarine Pingeot se portent bien. Ils ont cependant du mal à détrôner l'élégant hérisson de Muriel Barbery et les derniers Musso et Lévy. Les éditeurs doivent prier pour que le mauvais temps perdure. Cet été les ventes de livres se sont envolées (+7% en juillet, +12% en août). La météo n'explique pas tout. Les chiffres sont en effet gonflés par les ventes d’Harry Potter en anglais. Elles ont atteint un niveau exceptionnel puisqu'il s'en est écoulé deux fois plus que le précédent volume.

11 septembre 2007

Prodige

ProdigeProdige 

de Nancy Huston 

Actes Sud - 192 pages

Quatrième de couverture
Vis, ma petite ! Sois forte, vis !" - c'est par ces mots que Lara insuffle l'énergie de l'espoir à sa fille née trop tôt, séparée d'elle et du monde par les parois d'une couveuse. Prodige est l'histoire de cette petite fille, Maya, pianiste prodige. Mais c'est aussi celle de ses parents, qui se cherchent, s'aiment, se séparent ; celle d'une grand-mère russe et d'un voisin attentif; celle de la musique de Bach, exigeante et joyeuse. Un conte polyphonique poignant qui explore les frontières entre rêve et folie, amour et douleur, art et réalité.

Mon avis
Difficile de donner un avis sur ce petit livre. Je pourrais aligner des mots comme réussi, magnifique, poétique, rythmé, musical, riche, mais aussi ambigu, confus, embrouillé. La narration est déroutante et j’ai eu du mal à suivre le fil de l’histoire. Je ne suis d’ailleurs pas sûre de l’avoir bien comprise. Mais la musicalité qui se dégage de ce récit à plusieurs voix est envoûtante et m’incite à poursuivre ma découverte des œuvres de Nancy Huston.

Les avis de Sylire, Loupiote et Malice

9 septembre 2007

Moi, Charlotte Simmons

Moi__Charlotte_SimmonsMoi, Charlotte Simmons

de Tom Wolfe

Pocket - 1009 pages

Charlotte Simmons est une jeune provinciale issue d’une toute petite bourgade de Caroline du Nord (Sparta – 900 habitants). Brillante elle à décroché une bourse pour entrer à Dupont, l’une des meilleures universités des USA. Intelligente mais naïve, coincée et campagnarde, elle va découvrir à Dupont la vie estudiantine d’une jeunesse dorée et débauchée. Loin du temple du savoir espéré Charlotte Simmons découvre les dortoirs mixtes, la promiscuité, les beuveries de ses camarades, la tyrannie de la mode, le culte des sportifs, la pression sociale…

Quand il veut prouver quelque chose Tom Wolfe n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ses étudiants riches sont forcément prétentieux, superficiels, buveurs, bêtes comme leurs pieds, mal élevés, abusant des "fuck" et autres manies de langage de djeuns. Les étudiants pauvres sont forcément intelligents, binoclards, mal-aimés, mal dans leur peau, exploité par le système. La provinciale Charlotte est vraiment très naïve (bon d’accord sa jeunesse surprotégée ne l’a pas préparée aux vicissitudes de la vie mais quand même) mais très intelligente aussi (elle devient donc manipulatrice) et a la chance pour elle (par de heureux hasards elle retombe toujours sur ses pieds peu importe la bourde commise). On sent que l’auteur s’est beaucoup documenté sur les universités américaines, qu’il a longuement mené son enquête. Et c’est ce qui fait que son livre est indigeste. La main lourde, le trait épais, sur 1000 pages, ont failli me faire périr d’ennui. Les descriptions précises et minutieuses de la vie estudiantine alourdissent le récit. L’enquête sociologique domine le roman au détriment des personnages auxquels je n’ai pas réussi à m’attacher (je ne compte plus le nombre de baffes que j’ai eu envie de mettre à cette sotte et égoïste de Charlotte). Je m’attendais à roman au vitriol, une critique virulente de la société américaine. Je me retrouve avec un mauvais épisode d’une série pour ado dans lequel, ô surprise ! j’apprends que le jeu est truqué d’avance pour les fils à papa fainéants et fêtards, les sportifs rapportant des titres et des sponsors, que l’argent mène le monde, bref que la vie n’est pas rose sur les campus américain…

Déception pour ce livre sur ma liste pour le Challenge ABC 2007

L'avis élogieux de Flo, mitigé d'Emjy, interrogatif de Laly, déçu de Reka et vitriolé d'Agapanthe

3 septembre 2007

Une pièce montée

une_pi_ce_mont_eUne pièce montée

de Blandine Le Callet

Le Livre de poche - 252 pages

Bérangère et Vincent ont décidé de se marier. Bérangère a décidé que conformément à la tradition le grand jour serait le plus beau jour de sa vie. Des préparatifs jusqu’au jour J Blandine Le Callet nous invite à la noce et dresse un portrait succulent de son héroïne, une fille bien sous tous rapports qui se transforme peu à peu en mégère tyrannique, obsédée par les conventions sociales, le paraître, et prête à jeter aux orties toute humanité pour avoir une photo de mariage lisse et proprette… Chaque chapitre du livre est consacré à un personnage (les mariés, les membres de la famille, des invités …) qui livre ses commentaires sur la journée, des anecdotes plus ou moins avouables et nous dévoile ses petits et gros travers... La nature humaine dans toute sa splendeur entre mesquinerie, bassesse et hypocrisie. L’envers du décor n’est pas très joli à voir et le jour le plus beau se révèle bien vite sombre et cruel. Dépeinte avec finesse, La pièce montée de Blandine Le Callet ne pèse jamais sur l’estomac et se lit d’une traite. L’écriture fluide et sans fioriture de l’auteur y est certainement pour quelque chose.

Les avis de Thom, Valdebaz, Gambadou, Cathulu, Tamara, Agapanthe, Clarabel et Laure

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30 août 2007

le marronnier de septembre - 1ere partie

La rentrée littéraire approche (517 livres cette année). C'est le marronnier de septembre alors moi aussi je m'y (re)mets (tant que Mémé ne me demande pas de baisser m'marone ça va). L'année dernière je vous parlais des 15 extraits du magazine Lire. Comme je suis toujours abonnée, que j'ai la flemme un copier/coller s'impose. C'est parti ...

Version longue
Amélie Nothomb : Ni d'Eve ni d'Adam
Retour au Japon pour Amélie Nothomb. Elle décide d'enseigner le français et rencontre son premier élève dans un café. La scène est touchante et drôle, l'écriture fluide. Une surprise ! Je suis tentée par un livre d'Amélie Nothomb...

Marie Darrieussecq : Tom est mort
Tom est mort depuis 10 ans et pour la première fois sa mère passe une journée sans penser à lui. Elle se refuse à oublier son fils et commence donc un journal intime. Dans l'extrait lon se rend compte que l'héroïne refuse de faire son deuil... Répétitif, lancinant, plombant... 

Eric Fottorino : Baisers de cinéma
Eric Fottorino nous raconte son père, photographe de plateau de cinéma... Nostalgie ? Je n'ai pas envie...

Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : J'ai tant rêvé de toi
Youki part en quête de ses origines et se retrouve à Prague. Vous auriez envie de suivre les traces d'une héroïne au prénom de chien vous ? Moi non... 

Philippe Claudel : Le rapport de Brodeck
Une atmosphère pesante, sombre, un personnage oppressé, des évènements inquiétants... j'ai envie de lire le rapport de Brodeck.

Olivier Adam : A l'abri de rien
Une femme au foyer par défaut (merci le chômage) dans un lotissement banal du Nord (ou plutôt du Pas de Calais puisque sont évoqués les Sang et Or de Bollaert) désespérée par le vide de sa vie et par son mariage avec un joueur de foot raté reconverti en chauffeur de bus. Les fins de mois difficile, le pavillon minable avec la balançoire à moitié pourrie, le gris de la vie ... pas cliché du tout cet extrait : tout ça ne peut évidemment pas se passer au soleil n'est-ce pas?  (oui je sais la vie paraît toujours plus douce au soleil...). Décidemment je crois que je n'aimerai jamais la plume d'Olivier Adam....

François Taillandier : Il n'y a personne dans les tombes
Louise enterre son père mais, pendant l'inhumation au cimetière, son esprit part dérive et nous offre de bonnes feuilles...

Charles Dantzig : Je m'appelle François
Qui est François ? Un usurpateur d'identité ? Un escroc ? Sa jeunesse difficile y est-elle pour quelque chose ? Je n'en sais rien et je m'en fiche. La vie romancé d'un "Christophe Rocancourt" ne m'intéresse pas.

Maurice G. Dantec : Artefact
A chaque essai avec Dantec c'est un échec mais d'année en année ça s'améliore. Je trouve ses écrits de plus en plus lisibles... 

Eric Chevillard : Sans l'orang-outan
En plus d'être "fâchée" avec Olivier Adam je le suis aussi avec Eric Chevillard. Dommage j'aurai bien aimé savoir ce que deviendrit la Terre et l'humanité sans l'orang-outan.

Jean Hatzfeld : La stratégies des antilopes
Un journaliste recueille le témoignage d'une Tutsie rescapée du génocide rwandais au moment le gouvernement a décidé de libérer 40 000 détenus condamnés pour génocide... Douloureux et pudique.

Kiran Desai : La perte en héritage
Sai vit avec un juge indien retraité dans une maison à flanc de montagne. De jeunes rebelles viennent les menacer... C'est sombre, pessimiste et inquiétant. (Booker Prize 2006, prix du National Book Critics et prix indien Hutch Crosswords)

Colum McCann : Zoli
Un journaliste débarque dans un camps de Tzigane pour les interroger... Je n'ai pas envie de le suivre

Michael Ondaatje : Divisadero
Claire et Anna orphelines de mère vivent avec leur père dans une ferme de Californie et Coop l'ouvrier agricole. J'ai envie de mieux connaître cette famille et de savoir ce qui va leur arriver.

William T. Vollmann : Central Europe
une histoire incompréhensible de téléphone pieuvre et de guerre...

Version courte
Sur les 15 extraits :

 

J'ai aimé

J'ai détesté

Je suis indifférente à

Amélie Nothomb : Ni d'Eve ni d'Adam
Philippe Claudel : Le rapport de Brodeck
François Taillandier : Il n'y a personne dans les tombes
Jean Hatzfeld : La stratégies des antilopes
Michael Ondaatje : Divisadero

Marie Darrieussecq : Tom est mort
Olivier Adam : A l'abri de rien
Eric Chevillard : Sans l'orang-outan
William T. Vollmann : Central Europe

Eric Fottorino : Baisers de cinéma
Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : J'ai tant rêvé de toi
Charles Dantzig : Je m'appelle François
Maurice G. Dantec : Artefact
Kiran Desai : La perte en héritage
Colum McCann : Zoli

26 août 2007

Elle s'appelait Sarah

elle_s_appelait_SarahElle s'appelait Sarah

de Tatiana de Rosnay

Editions Héloïse d'Ormesson - 356 pages

Paris, 16 juillet 1942, tôt le matin. La petite Sarah, 10 ans, et sa famille est « raflée » par la police française. Elle se retrouve parquée dans ce Vélodrome d’Hiver que tout le monde surnomme Vel d’hiv. Elle y passera plusieurs jours dans des conditions épouvantables avec des milliers d’autres juifs, dont de nombreuses femmes avec enfants avant d’être déportée vers un camps de concentration.

Paris, de nos jours. Julia Jarmond est une journaliste américaine chargée de couvrir la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv. Ne connaissant pas bien ce pan de notre histoire elle va enquêter sur le destin des familles juives raflées tout en s’attachant plus particulièrement à Sarah.

Elle s’appelait Sarah participe au devoir de mémoire accomplir pour ne pas oublier cette période noire de l’Histoire de France. Personnellement je n’ai pas été surprise par les données historiques évoquées dans ce livre. J’ai eu l’occasion de lire quelques ouvrages sur la seconde guerre mondiale et plus particulièrement sur les atrocités commises dans les camps de concentration. Par contre la narration et l’émotion qui s’en dégage m’ont bouleversé. Ce n’est pas un documentaire, froid, objectif, factuel. Nous sommes dans un roman et l’histoire de Sarah est dramatique (mais pas « mélo »). Même racontée avec beaucoup de retenue et de pudeur elle implique et bouleverse le lecteur.

Les histoires de Sarah et de Julia évoluent en parallèle provoquant plusieurs effets. Le besoin de tourner les pages pour connaître la suite de l’enquête de Julia et celle de l’histoire de Sarah se fait de plus en plus pressant au fil des chapitres. La tension chute lorsqu’on quitte Sarah pour retrouver Julia ce qui permet au lecteur de souffler un peu. Cet apaisement ne dure que jusqu’à la moitié du roman car ensuite l’histoire de Julia provoque aussi une tension. Lorsque les deux histoires se croisent, le dénouement, bien que peu surprenant en réalité, survient comme une délivrance.

Le seul défaut que je vois à ce roman réside dans l’histoire conjugale de Julia et ses états d'âme sur le vieillissement. L’éloignement au sein du couple n’est pas traité suffisamment en profondeur pour éviter une frustration. Mais si cette histoire avait pris plus de place elle aurait probablement affaibli le ressort dramatique du roman. Et puis son intérêt est moindre comparée aux autres thématiques.

La fin est aussi un peu trop cousue de fil blanc à mon goût (mais je suis fâchée avec la fin d'un roman de Tatiana de Rosnay sur deux - voir Spirales).

Pour aller plus loin vous pouvez écouter l'interview accordée par l'auteur à Brice Depasse sur Lire est un plaisir.

Ils ont aimé : Lily, Tamara, Kevin, Lireplus, Laure, Florinette, ValdeBaz, Cuné, Anne, Tamara, Sophie, Clarabel, Sylire, Majanissa, Hydromielle...

ou pas : Chiffonnette. Sur Biblioblog Joel a aimé mais son billet est suivi de différents avis qui vont du chaud au froid et provoquent un très long débat sur les qualités et défauts du livre...

Le blog de l'auteur est toujours sous le figuier et le blog du livre (oui oui, le livre a son blog à lui tout seul) est .

17 août 2007

U. V.

UU. V.

De Serge Joncour

Folio – 176 pages

Quatrième de couverture
Une villa, sur une île, au plus fort de l'été. Un jour, un inconnu surgit, il se prénomme Boris. Il vient rendre visite à Philip, son vieil ami de lycée. Seulement Philip n'est pas là. Il n'arrivera que demain, après-demain au pire, on ne sait pas. Courtois, homme avisé et sûr de lui, Boris s'installe. Rapidement. Très rapidement. Il se fond même tellement au décor qu'il s'avère vite le convive parfait, l'élément distrayant. Ravis, charmés, et même manipulés à leur insu, tous se laissent happer par son terrible pouvoir de séduction. Seul André-Pierre a décidé de se méfier. Il n'aime pas ce genre de type, balnéaire et bronzé. Et puis, pourquoi Philip n'arrive-t-il pas ? Pour lui tout alimente l'inquiétude, jusqu'à cette canicule qui entête, qui échauffe les corps avant les esprits. Jamais il n'a fait aussi chaud, jamais la mer n'est apparue aussi désirable et haute, juste là, en bas des marches, par où Philip arrivera. Patiemment, Joncour assemble ses pièces, maîtrise le volume des cris et les sautes de calmes. Highsmith rôde non loin. Chabrol rit dans le jardin d'en face.

Mon avis
U.V. a reçu le prix Roman France Télévisions 2003 ainsi que les éloges des critiques. J’ai quant à moi beaucoup de mal à rédiger un avis sur ce livre. Je suis restée hermétique à l’écriture minimaliste de Serge Joncour. Je ne me suis pas intéressée au destin de la famille décrite par l’auteur. Seul Boris et sa trouble ambiguïté a retenu mon attention jusqu’à ce qu’il en fasse trop, qu’il soit trop sûr de lui. Je n’ai pas ressenti la tension censée se dégager du récit et la fin ne m’a guère surprise. Bref c’est une déception.

Ce livre est sur ma liste pour le Challenge ABC 2007

8 août 2007

La boite noire et autres nouvelles

la_boite_noireLa Boîte noire et autres nouvelles

de Tonino Benacquista

Folio - 123 pages

Je ne garderai pas un souvenir impérissable de ce recueil de nouvelles. Certaines m'ont beaucoup touchées, d'autres ont été oubliées sitôt lues.

La boîte noire, adaptée au cinéma par Richard Berry avec José Garcia dans le rôle principal, ouvre le recueil. Un homme tout juste sorti du coma reçoit de l'infirmière qui l'a veillé la transcription de son passé et des ses secrets les plus enfouis. Elle a patiemment noté ses divagations lors de son coma et l'homme, amnésique à son réveil, refait connaissance avec sa vie. Très réussie cette nouvelle laisse une trace profonde dans l'imaginaire du lecteur.

La volière est une nouvelle très tendre où un jeune homme part sur les traces du passé et des amours de son oncle récemment décédé pour exaucer ses dernières volontés. Une petite perle.

Un temps de blues narre les divagations d'un homme qui ne veut pas démarrer la journée et qui sait arrêter la pluie. Elle ne m’a pas marquée malgré la qualité d’écriture et la bande son qu’on croirait presque entendre en même temps que le personnage principal.

Transfert raconte comment une femme poussant à bout son mari finit par lui faire accepter une psychothérapie. D’une ironie mordante c’est une tranche de vie plus qu’agréable à lire.

La pétition est le récit abracadabrantesque d’un journaliste qui pense réussir, en une seule soirée, à obtenir l’interview qui fera décoller sa carrière et à conquérir une femme qui l’ignore. Celle nouvelle là m’a fraîchement déplu sans que je sache exactement pourquoi.

Au final j'ai trouvé ce recueil agréable à lire mais san plus. Il m'a permis de faire connaissance avec Tonino Benacquista et m'a donné envie de poursuivre avec cet auteur mais sans sentiment d'urgence absolue.

Les avis de Maijo et de Kalistina

4 août 2007

Dans les coulisses du musée

dans_les_coulisses_du_mus_eDans les coulisses du musée

de Kate Atkinson

Le Livre de Poche - 194 pages

Ruby Lennox est conçue une nuit de 1951 et entreprend de nous raconter son histoire et à travers elle celle de sa famille. Elle sent bien que ses parents George et Bunty, petits commerçants anglais, ne l’ont pas désiré. George est paresseux, coureur de jupon et porté sur la bouteille. Bunty est aigrie et peu démonstrative. La triste vie de Ruby n’ira pas en s’améliorant … Mais elle nous raconte tout ça avec une ironie mordante tout à fait anglaise. En parallèle l’auteur narre l’histoire de la famille maternelle de Ruby, une famille marquée par deux guerres mondiales, qui cache ses secrets, et dont les femmes sont les figures de proue…

La construction m’a un peu déroutée au début. Je me demandais où l’auteur voulait en venir. Quand j’ai refermé le livre je n’avais toujours pas la réponse à ma question. Dans les coulisses du musée est une saga familiale racontée avec humour et esprit. La plume est alerte et vive. Mais l’histoire est plutôt banale et la construction intelligente du récit n’a pas suffit à m’éviter une déception. Après tout ce premier roman de Kate Atkinson a été salué comme un chef-d'oeuvre dès sa parution en Angleterre. Il a obtenu le prix Whitbread en 1996, battant au dernier tour Salman Rushdie. En France, la rédaction de Lire l'a élu meilleur livre de l'année. J’en attendais probablement trop.

Ce livre est sur ma liste pour le Challenge ABC 2007

Les avis de Virginie et de Papillon

31 juillet 2007

La fenêtre panoramique

La_fen_tre_panoramiqueLa fenêtre panoramique

de Richard Yates

Robert Laffont - Bibliothèque Pavillons - 528 pages

Présentation de l'éditeur
April et Frank Wheeler forment un jeune ménage américain comme il y en a tant : ils s'efforcent de voir la vie à travers la fenêtre panoramique du pavillon qu'ils ont fait construire dans la banlieue new-yorkaise. Frank prend chaque jour le train pour aller travailler à New York dans le service de publicité d'une grande entreprise de machines électroniques mais, comme April, il se persuade qu'il est différent de tous ces petits-bourgeois au milieu desquels ils sont obligés de vivre, certains qu'un jour, leur vie changera... Pourtant les années passent sans leur apporter les satisfactions d'orgueil qu'ils espéraient. S'aiment-ils vraiment ? Jouent-ils à s'aimer ? Se haïssent-ils sans se l'avouer ?... Quand leur échec social devient évident, le drame éclate.

J’ai acheté ce livre suite à la critique du magazine Lire qui disait :

En 1961, une bombe explosa dans le milieu littéraire américain. Elle fit voler en éclats les tabous dans une Amérique que la tornade Kennedy tirerait de sa torpeur. Avec Revolutionary Road (bizarrement traduit par La fenêtre panoramique - mais la traduction de Robert Latour gomme beaucoup de la subtilité de ce livre), un certain Richard Yates fit une entrée remarquée en littérature. Kurt Vonnegut et Raymond Carver le hissèrent au rang d'écrivain-culte. James Salter le salua comme «l'un des plus novateurs romanciers d'Amérique».
(Cliquez pour lire la critique dans son intégralité)

Je m’attendais donc à autre chose. Bien sur le propos est intéressant. La vie parfaite d’April et Franck est plus une source de frustration que de bonheur. L’ennui et la dépression guettent April. Franck n’en peut plus de sa petite vie étriquée d’employé modèle. Mais ce n’est pas la bombe que j’attendais. Et pour cause. Ce roman est paru en 1961. A l’époque c’était probablement l’équivalent pour les Etats Unis d’une bombe nucléaire, un miroir renvoyant le reflet d’un pays malade de son idéal de perfection, gangrené par ses illusions et se leurrant en permanence. C’était en 1961. 46 ans plus tard ce n’est plus qu’un pétard mouillé. Car Yates avec ce roman a ouvert la voie à d’autres romanciers qui sont allés plus loin encore dans la subversion. Et par ricochet La fenêtre panoramique paraît bien fade au lecteur d’aujourd’hui. C’est injuste. Le livre de Yates pour être apprécié à sa juste valeur doit être replacé dans son contexte historique (fin des années 50, début des années 60). Les personnages, à la psychologie bien développée par l’auteur, sont fouillés. L’intensité des émotions et des sentiments est bien rendue par un style direct et concis qui sait s’effacer au profit de l’histoire. Le ton, parfois désabusé, parfois cynique ou ironique, est toujours juste. L’ambiance est oppressante à souhait, le drame latent et lorsqu’il éclate c’est pour mieux achever le lecteur.

La fenêtre panoramique sera adaptée, sous son titre original Revolutionary Road, au cinéma par Sam Mendès, réalisateur de American beauty. Les rôles d’April et Franck Wheeler seront tenus par Kate Winslet et Leonardo DiCaprio.

Ce livre est sur ma liste pour le Challenge ABC 2007

Les avis divergents de Chimère et d’Emjy.

12 juillet 2007

Sam the Cat

sam_the_catSam the Cat

de Matthew Klam

10/18 - 253 pages

Quatrième de couverture
Un séducteur insatiable soudain attiré par un garçon, un jeune couple qui se dispute autour de la cuisson d’un poulet, un homme et une femme qui cherchent à réchauffer leur relation au soleil des Caraïbes… L’amour, le désir et leurs incertitudes sont au coeur des nouvelles de Matthew Klam. Toujours écrites du point de vue masculin, ces histoires mettent en scène des personnages désorientés face aux illusions qu’il faut bien finir par abandonner et aux questions qu’il faut enfin se poser. Avec son humour à froid implacable et son sens aigu du détail qui fait mouche, Matthew Klam s’affirme comme l’une des étoiles montantes de la littérature américaine.

Mon avis
J’avais acheté ce livre pour le titre et la couverture (2 mecs ça change un peu). J’attendais donc de l’auteur des qualité félines : un peu de souplesse, de la finesse, une pointe de délicatesse doublées d’une bonne dose férocité, de griffes acérées (à défaut d’une plume) et d’un soupçon de subversion le tout enrobé d’une nonchalance feinte pour mieux piéger le lecteur.  Vous devinez la suite ? Je n’ai rien trouvé de tout cela dans ce recueil de nouvelles. « L’amour, le désir et leurs incertitudes sont au cœur des nouvelles » selon l’éditeur. En fait c’est surtout l’obsession du « cul » qui motive les personnages… et la seule « question qu’il faut enfin se poser » pour eux semble être « quand vais-je pouvoir baiser ?».  On est bien loin de la subtilité d’un chat. Les personnages sont pathétiques quand ils ne sont pas antipathiques et finir le recueil est un vrai défi. Quant à « l’humour à froid implacable » de l’auteur je le cherche encore. Le « sens aigu du détail » a du mal à surnager entre les nombreuses ellipses qui nuisent à la bonne compréhension de l’histoire. Une nouvelle se doit être courte et incisive tout en restant intelligible. Bref j’aurais presque envie de conseiller à « l’une des étoiles montantes de la littérature américaine » de relire des classiques Mark Twain, Henry James, Fitzgerald, Hemingway, Faulkner ou  Steinbeck qui excellent dans le genre difficile de la nouvelle.

L’avis de Mathieu

10 juillet 2007

Le roi de la pastèque

Le_roi_de_la_past_queLe roi de la pastèque

de Daniel Wallace

Autrement - 228 pages

Swap de Musky

 

Thomas Rider se rend à Ashland, petite ville au fin fond de l’Alabama, pour découvrir son passé. Il a 18 ans et besoin de  savoir qui il est. Il ne connaît pas son père et sa mère est morte à Ashland en lui donnant naissance. Il part donc enquêter sur ses origines.
La première partie du livre nous donne le témoignage des habitants d’Ashland. Ces récits déformés par le temps sont loin d’éclaircir le passé et apportent à Thomas (et au le lecteur) de nouvelles interrogations. Le portrait brossé de Lucy Rider n’est pas des plus élogieux. Les habitants d’Ashland la tiennent pour responsable de la ruine de la ville. A son arrivée elle a bousculé une tradition séculaire, celle du Roi de la pastèque alors que la ville voue un culte à ce fruit qui pousse en abondance. Ce culte donne lieu à des pratiques immondes et séculaires (que je vous laisse le soin de découvrir) dont la plus visible est celle de l’élection du Roi de la pastèque.
Dans la deuxième partie du livre Thomas l’enquêteur devient le narrateur et raconte son enfance auprès de son grand-père, un génial affabulateur et conteur d’histoires en tous genres. Cet interlude nous permet de mieux comprendre la personnalité du jeune Thomas, qui refuse le mensonge et recherche par dessus tout la vérité.
La troisième partie narre la venue à Ashland de Thomas, ses découvertes et ce qu’il éprouve face à ce passé qu’il n’était finalement pas prêt à entendre ainsi que les évènements que sa venue provoque. L’histoire reprend son cours arrêté 18 ans auparavant pour se conclure en apothéose.

Daniel Wallace a du génie. La construction du livre, déroutante au début, prend tout son sens une fois la lecture achevée et sert à merveille la narration. Ce n’est pas un effet de style superflu ou ostentatoire mais le meilleur moyen de raconter cette histoire. L’auteur a aussi du génie dans l’écriture (admirablement rendue par la traduction de Laurent Bury). Les personnages à qui il donne la parole sont d’un réalisme criant.  Chacun d’entre eux nous paraît pétri de bienveillance à l’égard de Thomas, presque agréable à côtoyer, presque attachant. Et pourtant sous le vernis d’humanité, de compassion et de sincérité se cachent des monstres d’une sauvagerie masquée. Le portrait de ces ploucs de campagne reculée, aux mœurs et traditions d’un autre âge est sans concessions, subtil et laisse le lecteur abasourdi. La quête de Thomas s’achève par la révélation de ses origines et nous montre que personne n’est totalement pur ou innocent sur cette terre…

A lire absolument !

Biographie de l'auteur
Daniel Wallace est né en en 1959 en Alabama et vit désormais en Caroline du Nord où, parallèlement à l'écriture, il poursuit une carrière d'illustrateur. Le roi de la pastèque est son deuxième roman publié aux Éditions Autrement, après Big Fish paru en 2004, et adapté au cinéma par Tim Burton.

Pour découvrir un peu plus l’univers de Daniel Wallace, également illustrateur : Son site personnel (en anglais)

25 juin 2007

Délicieuses pourritures

delicieuses_pourrituresDélicieuses Pourritures

de Joyce Carol Oates

J'ai lu - 125 pages

Lors d’une visite au Louvre Gillian, la narratrice et héroïne de Délicieuses pourritures passe devant un totem aborigène qui vient de Colombie britannique. Ce totem primitif fait ressurgir de son passé les événements tragiques datant de sa période estudiantine dans les  années 70. Retour en arrière dans une université non mixte du Massachussets. Andre Harrow est le professeur de littérature le plus adulé des étudiantes. Ses mots font force de loi mais son enseignement reste ambigu. A l’image des rapports qu’il entretient avec ses étudiantes. Sa femme Dorcas est une sculptrice dont les œuvres à caractère obscène échauffe les esprits. Gillian n’échappe pas à la règle et tombe elle aussi sous la coupe de ce couple malsain. Mais les filles qui succombent  finissent en bien mauvais état. Certaines deviennent anorexiques, d’autres tentent de se suicider. Et des incendies se déclarent régulièrement…

Joyce Carol Oates décrit avec beaucoup de pudeur un couple de pervers qui fait des ravages chez de jeunes filles encore naïves. L’érotisme et la pornographie ne sont que suggérés et jamais le lecteur ne sait exactement ce qui se passe au sein du trio Andre – Dorcas – Gillian. La part d’interprétation est grande à la fois chez la narratrice qui navigue entre réalité et fantasme (le passé se perd dans la brume des souvenirs) que chez le lecteur qui n’a aucune certitude. L’art tient une place importante dans le récit. Les totems de Dorcas déchaînent les passions et enveniment le débat autour de la question non résolue « Qu’est-ce qui relève d’une démarche artistique ou pas ? ». La conception de l’amour, de la sexualité des auteurs évoqués par Andre Harrow corrompent un peu plus l’atmosphère du roman. Court et dense, Délicieuses Pourritures est un poison savamment distillé, hypnotique et mystérieux.

Merci à Romain qui a fait circuler ce livre sur feu Bookmates (et merci à Joëlle la blogmaster)

21 juin 2007

Le magasin des suicides

le_magasin_des_suicidesLe magasin des suicides

de Jean Teulé

Julliard - 162 pages

Swap de Musky

Dans un futur éloigné les dérèglements climatiques et les catastrophes naturelles sont légions. Les journaux télévisés relaient en permanence les guerres et les pires atrocités et les religions, tombées dans l’oubli, ne sont d’aucun secours aux pauvres êtres humains qui tentent de survivre. Dans ce contexte le magasin des suicides fait recette. Sa devise : « Vous avez raté votre vie ? Avec nous vous réussirez votre mort ! ». Du cocktail-poison au kit du Seppuku réussi en passant par le pistolet à un coup jetable, le magasin des suicides dispose de tout l’arsenal nécessaire au désespéré pour passer de vie à trépas. Mishima et Lucrèce Tuvache sont les malheureux propriétaires de ce magasin, devenu au fil des ans une institution. Ils ont deux enfants parfaits. L’aîné, Vincent, est un adolescent dépressif et anorexique. Marylin, sa sœur est incapable de s’aimer et traîne son mal de vivre et son sentiment d’inutilité au quotidien. Hélas pour leur plus grand malheur ils ont poussé le professionnalisme jusqu’à tester un préservatif percé. Et le résultat s’appelle Alan. Depuis sa naissance Alan désespère ses parents : souriant, gazouillant, il respire la joie de vivre et l’optimisme. Et en grandissant il n’aura de cesse de semer la pagaille dans le magasin des suicides…

La mort n’est pas une affaire sérieuse avec Jean Teulé. Rejoignant Tim Burton dans l’humour macabre, l’auteur chasse nos idées noires et nous fait passer tout envie de suicide. Pris au premier degré ce livre est une immense farce qui fait parfois sourire et souvent rire. Mais derrière l’humour noir se cache une réflexion sur la vie (et comment nous la vivons) et la mort. La fin que je ne raconterai pas m’a déstabilisée (et prise par surprise aussi). Le trait est parfois trop épais et caricatural mais n’entame jamais le plaisir de la lecture. L’écriture fluide et vive de Jean Teulé, son inventivité et son sens de la formule sont la cerise sur le gâteau.   

17 mai 2007

La lune dans le caniveau

la_lune_dans_le_caniveauLa lune dans le caniveau

David Goodis

10/18 – 189 pages

William Kerrigan est obsédé par la mort de sa sœur qui s’est tranchée la gorge après avoir été violée dans une ruelle malfamée. Il faut dire que Vernon Street n’est pas le coin le plus sympa de Philadelphie. Les habitants de cette rue sordide et du quartier autour n’ont le droit de traverser la vie qu’avec « un billet de 4eme classe ». Traîne-savates, alcooliques, prostituées qui s’entassent dans des taudis pouilleux dont ils n’arrivent même pas à payer le loyer. Kerrigan se sent coupable de ne pas avoir su protéger sa sœur et part sur les traces de son assassin en ruminant des projets de vengeance. Sa route va croiser celle de Loretta, une jeune fille venue des « beaux quartiers » ...et vous n’en saurez pas plus.

La lune dans le caniveau est un pur roman noir. La recherche du meurtrier en vue d’une vengeance cède rapidement la place à une histoire « psychologique » et « sociale ». Le héros ne vit plus que pour sa vengeance, incapable de supporter le culpabilité qui l’assaille en permanence. Vernon Street est quartier sordide qui ne laisse pas partir ses habitants. Englués dans leurs vies de traîne-misère ils sont impuissants à changer leur destin. Avec Goodis pas d’espoir possible, pas de lumière au bout du chemin, pas de rédemption, ni de bonheur même si un ange apparaît.

Désespérance.

14 mars 2007

Bienvenue au club

bienvenue_au_clubBienvenue au club

de Jonathan Coe

Folio - 540 pages

Bienvenue à Birmingham, années 70, no man’s land culturel, bled paumé d’Angleterre où il n’y a rien d’intéressant à faire.  Nous suivons les aventures (c’est un bien grand mot) de Benjamin Trotter et de ses amis, adolescents scolarisés à King William, une école privée. Ben est un artiste dans tous les sens du terme. Il se sent à côté de la plaque en permanence, en décalage avec les autres et ne comprend pas le monde qui l’entoure.  Il est réservé, timide, rêveur. Mais c’est aussi un génie : il compose des symphonies "rocks" et écrit avec talent même si à cet âge là il en est encore à chercher sa voix propre. Au travers de son histoire c’est l’histoire de l’Angleterre que nous raconte Jonathan Coe. A cette époque les syndicats sont encore tout puissants, l’IRA n’a pas encore posé ses bombes, Abba et Eric Clapton règnent en maître chez les disquaires.
La décennie verra le glam-rock puis le punk arriver, la montée du Front national britannique, les répressions sanglantes des manifestations de grévistes, les premiers attentats de l’IRA, l’arrivée au pouvoir de Margaret Tatcher, la montée du chômage.  Ben pendant ce temps comme tout adolescent va rencontrer l’amour, se forger des souvenirs pour la vie, bref grandir un peu.

Bienvenue au club est une chronique douce-amère, une tranche de vie savoureuse où le rire le partage aux larmes (certaines scènes dramatiques sont vraiment poignantes). Jonathan Coe manie la plume avec un sens de l’humour typically british (avec un sens de l’absurde hérité des Monty Python). C’est jouissif sur 540 pages. Le climat social et politique, les us et coutumes des anglais « bon teint » sont épinglés avec verve et ironie. L’apprentissage de la vie par cette bande de jeunes adolescents est dépeint avec beaucoup de lucidité et un sens du comique qui « sent le vécu ». Seul bémol,  je me suis parfois sentie plus spectatrice de l’histoire qu’impliquée. La faute à quoi ? probablement aux nombreuses références musicales, limpides pour l’auteur et probablement pour les lecteurs anglais de plus de 35 ans, mais qui sont restées obscures pour moi

Ce livre est sur ma liste pour le Challenge ABC 2007

L'avis de Papillon ICI

7 mars 2007

La véritable histoire de mon père

la_v_ritable_histoire_de_mon_p_reLa véritable histoire de mon père

de Nicolas Cauchy

Robert Laffont - 170 pages

En pleine nuit Simon fuit au volant de la Porsche qu’il a volé à ses amis. Sur la banquette arrière gît le corps de la plus jeune de ses filles. Pourquoi cette course effrénée ? Où va-t-il ? Comment en est-il arrivé à « commettre l’irréparable » ? La véritable histoire de mon père répondra à toutes ces questions. Mais l’important ce n’est pas le pourquoi ni le comment.

L’important dans ce livre c’est sa construction : précise, maîtrisée de bout en bout, implacable. La fin rejoint le début bouclant le récit et emprisonnant définitivement le lecteur dans le malaise et la folie (passagère ?) de Simon.

L’important dans ce livre c’est le personnage principal, froid, antipathique à souhait, détestable. Pourtant le lecteur n’a pas d’autre choix que de le suivre au fil des pages. Là réside le talent pervers de Nicolas Cauchy : une fois commencé le livre se laisse pas refermer et le lecteur de passer de la nausée à la haine en passant par la révolte en quelques lignes.

L’important dans ce livre c’est le style de l’auteur, son écriture ciselée au scalpel, minutieuse mais toujours fluide.

La véritable histoire de mon père est un livre glacial et glaçant.

Il est rare que j’arrive au bout d’un roman dont je hais « héros ». Ici, pourtant, impossible d’abandonner en cours de route. Il me fallait aller jusqu’au bout pour savoir pourquoi, comment et jusqu’où …et pourtant ce n’est pas le plus important.

Une belle réussite littéraire mais aussi marketing puisque j’ai eu la chance avec d’autres bloggueurs de recevoir le livre par la poste. Livrovore, qui tarde un peu comme moi à poster son avis, a d’ailleurs réalisé un teaser impressionnant ;-) L'auteur a même ouvert un blog pour recueillir les avis de ses lecteurs.

Les bloggueurs :
Les lectures de Sophie
Benzinemag
Murmure intérieur
Le Golb
Tamaculture
Lily et les livres
Les roses de décembre
Majanissa
Les Jardins d’Hélène
Insatiable lectrice
Biblioblog

Edit : Livrovore et moi communiquons par la pensée et nous avons publié un billet en même temps. Sa critique est ICI

24 janvier 2007

Trois leçons sur la société post-industrielle

Trois_le_ons_sur_la_soci_t__post_industrielleTrois leçons sur la société post-industrielle

de Daniel Cohen

Seuil - 90 pages

Trois leçons sur la société post industrielle reprend trois conférences données par Daniel Cohen au Collège de France en octobre 2005.

Daniel Cohen tente d’élaborer un portrait de la société actuelle au travers des mutations économiques et sociales de la fin du 20eme siècle et des leurs interactions.  Qu’est-ce qui a changé dans le capitalisme ces 30 dernières années. Nous avons progressivement quitté une société industrielle mais comment qualifier la société qui lui a succédé ?

Chacune des conférences aborde un thème bien précis. La première traite des ruptures et de leurs impacts sur les sociétés : la troisième révolution industrielle, incarnée par Internet et qui entraîne une nouvelle organisation du travail, la fin du Fordisme, mai 68 et ses conséquences, la révolution financière des années 80 par laquelle la Bourse prend le pouvoir dans le management et la gestion des entreprises. La deuxième conférence aborde la mondialisation. Pour éviter les clichés et les opinons déjà toutes faites l’auteur dresse le portrait de la « nouvelle économie-monde » en la comparant avec la première mondialisation, celle du 19eme siècle (avec la colonisation). Il aborde la nouvelle division internationale du travail, la mondialisation des images de la mondialisation et termine par une projection sur l’avenir et des ses enjeux. La troisième conférence pose la question d’un modèle social européen. Existe-t-il vraiment ? Daniel Cohen en profite pour poser le constat des maux européens et fait même un retour sur le mal des banlieues français. La conclusion n’est pas des plus réjouissantes (je vous laisse la découvrir par vous même) et nous livre les enjeux sociétaux majeurs auxquels nous devons faire face.

Trois leçons sur la société post-industrielle est clair, concis et abordable pour le profane comme moi. Bien sur on peut regretter que la multitude de thèmes abordés ne soit pas traitée plus profondément mais l’intention de l’auteur est d’éclairer le lecteur et non de le noyer sous un savoir académique. Les multiples références évoquées et les notes de bas de page renvoient le lecteur désireux d’approfondir le sujet vers des études économiques ou sociologiques plus fouillées.  L’exposé de Daniel Cohen évite les jugements de valeurs, le parti pris et les dogmes idéologiques ou politiques. Il est objectif, pertinent et instructif. Il nous aide à mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et à réfléchir aux améliorations à apporter.

Biographie de l'auteur
Daniel Cohen est professeur de sciences économiques à l'Ecole normale supérieure et directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP). Il est également membre du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre et éditorialiste associé au journal Le Monde.

22 janvier 2007

Chinoises

ChinoisesChinoises

de Xinran

Picquier poche - 351 pages

Pendant plusieurs années Xinran a animé une émission à la radio chinoise intitulée Mots sur la brise nocturne.  Comme le courrier et les réactions qu’elle obtenait provenaient  essentiellement de femmes, elle a commencé à s’intéresser de plus près à la condition féminine en Chine. Elle a pu négocier un dialogue en direct de quelques minutes avec des auditrices (une opératrice était chargée de filtrer les appels : ceux-ci devaient rester politiquement corrects). Elle a également reçu beaucoup de lettres et collecté par le biais de reportages, de rencontres, de nombreux témoignages de femmes chinoises de sa génération. Elle a permis à ces femmes de s’exprimer pour la première fois sans tabou, sans jugement.

Elle a compilé quelques unes de ces histoires dans Chinoises. Et ça fait peur. La Chine est un très grand pays (plus de 14 fois la France en superficie et 20fois sa population) ce qui explique les disparités dans les façons dont les femmes sont traitées (dans les campagnes reculées les mentalités sont encore plus traditionnelles que dans les villes) mais globalement la femme n’est pas bien traitée en Chine. Elle a deux fardeaux à porter : le poids de la tradition et l’oppression de la Révolution Culturelle. Culturellement la femme doit être respectueuse des lois, soumise à sa famille et avoir une conduite irréprochable avec les hommes pendant sa jeunesse (embrasser un homme sur le front peut la déshonorer et déshonorer sa famille). Une fois mariée elle doit être soumise à son mari, être bonne épouse, bonne amante et bonne mère. Elle doit en outre être travailleuse sans jamais se plaindre, mettre au monde au moins un fils et, le tout, en restant jolie. Evidemment elle ne possède rien en propre et n’a pas voix au chapitre. La Révolution Culturelle en a rajouté une couche en imposant encore d’autres diktats aux femmes et en donnant encore plus de pouvoir aux hommes et surtout la possibilité pour ces derniers d’en abuser sans en être inquiétés.

Les 12 témoignages de femmes attestent de cette réalité. Battues, violées, mariées de force, rendues folles par la cruauté des hommes et de la société, les femmes ne connaissent que souffrance et malheur. Peu importe leur condition, éduquées ou non, qu’elle gravitent dans les hautes sphères du Parti ou qu’elle soient paysannes au fin fond de la région la plus reculée de la campagne chinoise, ces femmes souffrent et se battent pour sauver ce qui peut encore l’être (leur famille, leurs enfants). Elles portent un message d’amour malgré toutes les épreuves endurées . Xinran n’est d’ailleurs pas en reste : son histoire personnelle, évoquée au détour des récits, n’est pas exempte de malheurs.

C’est un livre bouleversant à lire impérativement.

Ce livre est sur ma liste pour le Challenge ABC 2007

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